CHRONIQUES SEDANAISES IV
- Thomas Delage
- 28 mai
- 25 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 mai
Le mythique stade Emile Albeau (1936 – 2000)

Rome a sa colonne Trajane, Sedan a ses colonnes d’Albeau « L'avenir est un présent que nous fait le passé. » André Malraux
Prologue :
Après le stade du Bourrelet (édifié en 1924 sur le lieu du futur temple sportif ardennais) et le stade vélodrome de Sedan (1933-1993), nous reprenons notre série sur les « Lieux de mémoire du football sedanais » avec ce troisième épisode consacré à ce thème :
Alors que la saison va se terminer, et que Sedan a acté sa montée en R1, les travaux estivaux vont bientôt commencer : Pensez à bien regarder dimanche prochain une dernière fois l’emplacement de l’ancien stade puisque le nouveau centre d’entrainement y est annoncé pour la rentrée 2025: Ce qui va nous permettre de plonger dans la (re)découverte du stade Albeau, ce que les moins de vingt ans (comme dit la chanson) ne peuvent connaitre !

Nous poursuivons notre voyage dans le temps avec le stade Emile Albeau (le stade vélodrome en haut de la photo).
De l’UAST au CSSA, du championnat de Promotion régionale à la Première Division nationale française, du dimanche 13 septembre 1936 au samedi 23 septembre 2000, les différents clubs de football sedanais auront joué pendant 64 années dans ce stade – qui s’inscrit dans la continuité du stade du Bourrelet, inauguré en septembre 1924, il y a tout juste un siècle ! - soit environ la moitié de son histoire, longue de plus de douze décennies cumulées !

I) Brève chronologie de l’évolution du stade Emile Albeau :
1924 : Inauguration du stade du Bourrelet, ancêtre du stade Emile Albeau (21 septembre).
1926-1927 : Installation de l’eau courante, de douches, et de panneaux publicitaires autour du terrain. Construction d’une première tribune en bois (qui fut agrandie dans les années 1930).
1936 : Le stade est renommé Emile Albeau (24 mars).
1948 : Construction d’une deuxième tribune, le long de le rue Berthelot, appelée la « petite tribune » (contenance de 600 places assises).
1950 : Un couloir de protection reliant la petite tribune au terrain est rajouté (août).
1954 : La pelouse est entièrement refaite. Le stade peut accueillir 12 000 spectateurs.
1955 : Avec l’accession de l’UAST en D1, la « grande tribune » (financée par le club lui-même !) vient remplacer la première tribune des années 1930. Le stade peut recevoir près de 18000 personnes dont 3000 places assises et 9000 places couvertes !
1959 : Des vestiaires sont aménagés sous la grande tribune (décembre). Ceux de la petite tribune sont ainsi réservés pour l’Ecole de foot de Michel Charlot et Maurice Christophe.
1960 : L’éclairage public est inauguré (Sedan/Celtic de Glasgow, 6 août) grâce à 4 pylônes, hauts de 32 mètres !
1962 : Nouveau tableau d’affichage lumineux (mars).
1965 : 1er match télévisé à domicile (contre Bordeaux 1-1, devant… 2074 spectateurs, le 24 octobre).
1980 : De nouveaux pylônes sont installés. L’éclairage est rénové après une année d’interruption des matches en nocturne.
1983 : Les barrières de protection autour de la pelouse sont remplacées et rehaussées. Elles resteront jusqu’à la fin de ce stade. La main courante, avec des chaises de piste, est aménagée (août).
1991 : Les loges font leur apparition dans la grande tribune après le titre de Champion de France de D3. La tribune de presse est réorganisée.
1992 : Un an après le décès de ‘’Monsieur Louis’’, la Grande Tribune est nommée « Tribune Louis Dugauguez ».
1993 : Après une interdiction d’ouverture, la petite tribune est mise aux normes (une première depuis 45 ans !).
1994 : La pelouse est refaite. Deux tribunes métalliques verte et rouge sont installées (elles seront provisoirement démontées en 1996, avant de faire leur retour l’année suivante) de chaque côté de la petite tribune. Des places populaires sont aménagées derrière le but côté « Meuse ».
1995 : Le terrain d’entrainement dit « Le Crassier » (côté Meuse) est baptisé terrain Maurice Christophe.
1996 : Des places populaires (sous la forme de marche) sont également mises en place de l’autre côté du terrain, côté « vélodrome ». Le stade a alors une capacité de 15000 places dont 4400 assises.
1999 : Suite au retour du CSSA en D1, une tribune métallique est dressée sur le terrain d’entrainement adjacent, dit Maurice Christophe (côté Meuse). Les trois tribunes métalliques sont couvertes. Le stade a ainsi une capacité de 17 000 places.
2000 : Ultime match de football joué dans ce stade (contre Bastia, 23 septembre).
2001 : Destruction de la grande tribune (mars).
2003: Démontage des tribunes métalliques vert et rouge, puis destruction de la petite tribune (2 et 3 juin).
2006: Démontage de la tribune métallique « Christophe » (septembre).
II) Qui était Monsieur Emile Eugène Albeau (1862 – 1935) ?

Emile Albeau (1862 -1935)
Né le 23 janvier 1862 à Torcy, un faubourg de Sedan, Emile Albeau est décédé à l’âge de 73 ans, le 27 octobre 1935. Avant d’être un élu très engagé dans sa ville, il était architecte-paysagiste de profession, suivant l’exemple paternel. Ayant grandi à Sedan, il se maria avec Juliette Salmon, et eut trois garçons (René, Jules et Raymond).
Il voua un engagement sans faille pour sa ville natale. Très jeune, il fut président du syndicat d’initiative, et vice-président de la Société d’horticulture.
Pendant la Première Guerre mondiale, il s’occupa activement du « Vestiaire des Ardennais ». Lucide et expérimenté, il fut nommé après la guerre vice-président de l’association des Maires des Régions Libérées. Il fut également fondateur de l’œuvre terrienne des Jardins Ouvriers.
A partir de 1890, il compta ainsi plus d’une quarantaine d’années de vie publique, en tant que conseiller municipal, conseiller d’arrondissement et conseiller général. Présenté comme un « honnête homme » par la presse locale, républicain, membre du Parti Radical (centriste sous la Troisième République), il fut élu maire de Sedan en 1929 (à la place de Léon Charpentier), puis réélu en 1935.
Il eut un rapport assez distant avec le ballon rond, contrairement à ses deux fils, Raymond et Jules qui jouèrent au Racing Club Sedanais (R.C.S.) avant 1914. Il est donc assez ironique que son nom soit devenu le symbole et le lieu de l’épopée sedanaise.
Son décès en 1935 souleva une émotion forte et sincère dans la population sedanaise. Ses funérailles furent très suivies.

« Le Petit Ardennais », du 28 octobre 1935 :
« Sedan, on peut en être sûr, n’oubliera pas ce bon artisan de sa prospérité » écrit de manière prophétique l’anonyme journaliste du « Petit Ardennais ».

Emile Albeau repose dans un cimetière sedanais, à côté de son fils Jules.
Le conseil municipal en date du 24 mars 1936 vote la décision de renommer les deux stades sedanais (le vélodrome et le stade municipal dit du Bourrelet) « pour honorer la mémoire de son ancien et regretté maire » (Le Petit Ardennais, du 28 octobre 1936).

Courrier (daté du 9 avril 1936) adressé par le nouveau maire rad-soc., Paul Troller à Madame Albeau.
Dans son nouveau stade re-baptisé, la jeune UAST (née de la fusion de l’U.A.S et de Torcy lors de l’été 1928) dispute plusieurs matches amicaux au cours du printemps 1936, celui du Front populaire, des « grèves joyeuses », et des congés payés (contre l’Excelsior Virton (victoire 3-2) le dimanche 5 avril, ou contre le CS Ham (victoire 5-1) le 12 avril suivant).
Il faut toutefois attendre la reprise du championnat lors de la saison suivante 1936/1937 en Promotion d’Honneur - « après l’avoir déserté plus de six mois » - pour voir la première rencontre officielle jouée sur « le beau tapis vert et reposant » (dixit un certain L.D. dans le journal local) d’Emile Albeau.
L’histoire retiendra que Sedan, managé par Barthélemy Castaner, s’est imposé 2-1 (grâce à un doublé d’Antoine Canadas, jouant au poste d’inter-droit ou gauche) contre Sézanne, le dimanche 13 septembre 1936, pour sa rencontre initiale à Albeau.
III) L’âme d’Albeau :

La plaque en fonte à l’entrée du stade.
D’aucuns pourront affirmer que le stade Emile Albeau était un véritable lieu de culte pour les nombreux supporters qui venaient y communier au moins deux fois par mois. Pierre Tordo, gardien de but de l’UAST des années 1960, et entraineur du CSSA des années 1980, songeait même à le renommer la ‘’cathédrale Emile Albeau’’.
Albeau et le football sedanais, ou une véritable religion laïque bimensuelle ! (1)
De manière plus séculaire, d’autres préféreront parler de la sortie ardennaise de la semaine !
Quoi qu’il en soit, ce temple sportif a vu pendant plusieurs décennies les exploits (mais aussi les désillusions) et la grandeur (mais aussi la décadence) du club de football de Sedan.
Avant d’arriver en fin de vie dans le dernier lustre du XXème siècle, ce stade vétuste, aux tribunes rouillées, a longtemps offert des conditions spartiates à son fidèle public : Les places debout en populaire ou dans les virages étaient plus nombreuses que les places assises. Combien de supporters ont pu suivre les exploits de leurs héros modernes sous la pluie, les pieds dans la boue de la main courante du pourtour, voire sous la neige ?
De conception britannique, le public se trouvait très proche du terrain. Quelques mètres – à peine – pouvaient séparer le gardien adverse des supporters derrière les cages. Tous les adversaires ont pu connaitre cette pression inhérente à la configuration du terrain. Avant et après le match (ainsi qu’à la mi-temps), l’accès au rond central se faisait via un tunnel qui était tiré quelques minutes auparavant. Il y avait alors un contact direct entre le joueur et le supporter.
Dans Troublantes Ardennes (édité en 1984), l’historien ardennais et le billettiste du journal local, Yanny Hureaux traduit le rugissement de ce cratère sportif dans la nuit sedanaise : « Soudain, un brasier ! Des feux immenses, en rive de la Meuse ! Une forge ! Un gigantesque martèlement : SE-DAN ! SE-DAN ! Le stade Emile-Albeau flambe. Quelle histoire ! Quelle épopée unique dans les annales du football de France ! ».
Le ‘’Chaudron vert et rouge’’ connait alors des ambiances exceptionnelles : Dès les années 1980, différents groupes de supporters, formant un véritable Kop à l’anglaise, ont pris racine à l’extrémité de la Grande Tribune, côté vélodrome. Surpassant les générations, ‘’Allez Sedan’’, ‘’Dora Kop’’, ‘’Kop vert et rouge’’ ont animé et lancé les chants pour soutenir le Onze sedanais. D’autres associations de supporters ont également souhaité participer et ambiancer les rencontres du CSSA, comme les ‘’Bulldogs’’ derrière les cages, côté Meuse, ou le ‘’Kop Christophe’’.
L’ambiance a souvent pu être électrique, et les supporters en ébullition. Il est arrivé que des bagarres éclatent entre joueurs, ou avec le public. Des arbitres ont pu recevoir des jets de pierres depuis les tribunes, voire être exfiltrés quand des supporters en colère les attendaient à l’arrière de la Grande Tribune !
L’ancien journaliste de L’Ardennais, Pascal Rémy affirme que « ce haut lieu de la culture locale fera toujours partie de la mémoire ardennaise ». Il fait partie intégrante de l’identité ardennaise. Albeau respirait le football.
Des années 1950 aux années 2000, Sedan, quel que soit son appellation du moment (UAST, RCPS, CSSMA ou CSSA), y a fait trembler nombre d’adversaire. Sedan le ‘’petit’’ club de la sous-préfecture des Ardennes, modestement peuplé de plus ou moins 20 000 habitants selon les aléas du temps, limité dans ses moyens financiers, et marqué par l’Histoire (de l’ancienne Principauté de la famille La Marck ayant perdu son indépendance, à son influence huguenote, de son riche passé industriel aux défaites militaires) a défié, les ‘’grands’’ clubs des métropoles millionnaires. En Coupe de France, comme en Championnat, la lutte des classes devenait une réalité à l’intérieur de ce stade ! Dans une version marxiste de l’histoire, cette « usines à rêves » (dixit Yanny Hureaux) a permis à des générations de supporters de prendre une revanche, de s’évader, de relever des défis, d’entretenir l’espoir et de réussir l’impossible !
Cette atmosphère chaleureuse et puissante qui descendait des tribunes était en mesure de transcender les joueurs sur le terrain. Ils sont nombreux à avoir avoué être allé chercher la victoire grâce aux encouragements du public.Cette symbiose est pour Max Urbini, ancien journaliste de L’Equipe, le résultat et la combinaison d’un ‘’atelier du football’’ : Au temps des footballeurs-ouvriers et des Draperies Sedanaises des frères Laurant, l’ambiance collait au caractère des ‘’Ardents Ardennais’’ emmenés par le rugueux Louis Dugauguez. C’est un peu comme si les supporters de l’usine étaient eux-mêmes, la semaine de labeur terminée, en train de courir sur la pelouse le dimanche.
D’ailleurs le sanctuaire ardennais resta imprenable plusieurs années consécutives (voir la partie statistiques). Au total, moins d’une rencontre sur six a été perdue par les Sedanais à domicile!Dans les années 1950, l’écrivain Antoine Blondin relate, dans une version romantique, les aventures des « enfants de la balle » : « Onze Fanfan la tulipe qui (…) dimanche après dimanche, cultivent la légende très morale du petit qui n’a pas peur des gros » (La Semaine Buissonnière, rééditée en 1999).
C’est également pour cette raison, que le public sedanais, parfois versatile, a toujours été fidèle à son équipe de football. Et ce, dès les origines du club. Et, y compris pendant le long ‘’Moyen-Age footballistique’’ du dernier quart du XXème siècle. Et même pendant les années noires de l’Occupation allemande : Jean Rambout, vingt années de licence à l’UAST, raconte dans ses précieux Carnets que le public venait en nombre à Albeau dans les années 1941, 1942, 1943 et 1944, pour assister au Championnat des Ardennes, faute de distractions dans la ville sinistrée par la débâcle de 1940…
Tous les journalistes de France et de Navarre, y compris de l’élite parisienne – et ce malgré une certaine condescendance à la vue de ce stade vieillot - ont pu ressentir l’atmosphère particulière qui se dégageait de ce lieu quasi unique. Pour certains d’entre-deux, il s’agit même parfois de leurs meilleurs souvenirs professionnels. Pierre-Yves Ansquer évoque « une arène dont la ferraille tangue et fait vibrer ton corps (…) Tout bougeait autour de moi » (Ouest-France). Il est vrai que les correspondants de la presse écrite, radio et télé pouvaient travailler dans des conditions assez dantesques : Hervé Bride, longtemps correspondant d’Europe1 : « J’ai souffert de la pluie, dans ce bon vieux stade Emile-Albeau, plein comme un œuf, où les commentateurs risquaient autant l’électrocution que l’étouffement par le voisin d’à côté (…) Pour la dernière, il pleuvait (encore !) des larmes de joie et de souvenirs » (Hervé Bride, Une saison passion – Sedan, un appétit de Sangliers, 2006).
Ainsi, telle une Madeleine de Proust, on comprend bien qu’au-delà de l’aspect purement footballistique, il y a des réminiscences autour des objets, des émotions, des souvenirs, des humeurs et des sensibilités autour d’Albeau (2)

Génération après génération, des centaines de milliers de supporters ont franchi les colonnes d’Albeau

La beuquette de la billetterie

L’indispensable buvette pour les supporters

Le célèbre panneau d’avertissement à l’approche du coup d’envoi

La mythique grosse caisse hurlant la sirène d’Albeau

Le rustique tableau d’affichage

Les grillages si caractéristiques d’Albeau

Les précieux sésames pour rentrer dans le temple sportif

Certains supporters ont même pu conserver- tels des reliques - des pièces de l’ancien stade :

Les sièges de la tribune vert et rouge


Comme au moment de la chute du Mur de Berlin, des fragments en pierre de la petite tribune (ci-dessus) et de la grande tribune (ci-dessous) ont pu être sauvé de la poussière éternelle.

Albeau, ce sont aussi des images du vrai football d’antan :
C’était le Club-House où les supporters refaisaient les matches (bien souvent en compagnie des joueurs qui venaient après la douche), la billetterie avec ses beuquettes, son tableau d’affichage ancestral, son grillage caractéristique autour du terrain (combien de joueurs se sont accrochés à celui-ci pour célébrer des buts et des victoires, n’est-ce pas Jean-Marc Rodolphe !)… Tout le monde se souvient de sa «première fois » à Albeau !
Albeau, ce sont des odeurs de cette France du football amateur et populaire :
Celles des frites, de la bière, de la cigarette, de la sueur, de l’herbe humide…
Albeau, ce sont des sons inoubliables :
Les chants de supporters, les sifflets, la sirène retentissante de la grosse caisse, la musique hurlante des haut-parleurs, la voix du speaker annonçant les équipes, les coups de gueule de Monsieur Louis ou de Bruno Metsu…
Albeau, ce sont des souvenirs heureux et tragiques, qui se bousculent :
L’interruption d’un match par les Allemands (1942), le premier match professionnel (1953), les buts de Claude Brény, le trophée de la Coupe de France présenté au public (1956 et 1961), la fracture de Christian Perrin (1960), les espoirs envolés du titre de Champion de France (1963), les courses de Faustino, Les matches de Coupes d’Europe (1961 et 1970), les pénaltys de Dellamore, la classe d’Osim, les dribbles de Dalheb, les (re)montées en D1 (1955, 1972 et 1999), les huées contre les frères Laurant et le ‘’Waterloo sedanais’’(1975), le descendant de Dudule qui court après les Monégasques et Jean-Luc Ettori (1985), la poignante minute de silence après le décès de Louis Dugauguez (1991), les envahissements de la pelouse à la suite de succès légendaires, l’attentat contre Mazzéo, le « prince d’Albeau » (1993), les terribles inondations du stade (1947, 1955, 1994, 1995), les Champions d’Europe marseillais (1994), la descente en N1 (1995), les remontées en D2 (1983, 1991, et 1998), le but de 70 mètres marqué par Olivier Quint (1997), les débordements du duo Deblock/Mionnet, les courses de Pius N’Diefi, la folle demi-finale de 1999, la Nuit du 4-Mai devant la billetterie (1999), le dernier but marqué (2000)…
Albeau fut malheureusement sacrifié sur l’autel de la modernité…
On comptait déjà trop de « rustines », de replâtrage, de manière parfois artisanale, ce qui avait donné à ce stade, théâtre des exploits à la gloire du club, un aspect hétéroclite…
Il fallait construire du neuf !
IV) Quelques statistiques du stade Emile Albeau :
De 1936 à 2000, et en retirant les années noires de l’Occupation (1940 - 1944), on comptabilise :
_ 19 saisons de Première Division (et 4 matches).
_ 13 saisons de Deuxième Division.
_ 18 saisons de Troisième Division (sous différentes appellations).
_ Une saison en Division d’Honneur (l’équivalent alors du 4ème échelon).
_ 11 saisons en Promotion régionale.
En six décennies, Sedan a donc disputé plus de 1000 rencontres de football au stade Emile-Albeau :
Soit :
_ 349 rencontres de Première Division.
_ 230 rencontres de Deuxième Division.
_ 270 rencontres de Troisième Division.
_ 11 rencontres en Division d’Honneur.
_ 110 rencontres en Promotion régionale.
_ 61 rencontres de Coupe de France, dont deux demi-finales, contre Bordeaux en 1969, et contre Le Mans en 1999.
_ Quatre matches de Coupe d’Europe (contre l’Atlético de Madrid en 1961 en Coupe des Vainqueurs de Coupe, contre le FC Cologne en 1970 en Coupe des Villes de Foire, contre Leiftur et Wolfsburg en 2000 en Coupe Intertoto).
_ Et quelques rencontres de diverses Coupes (de la Ligue, Charles-Drago, La Slavia, de l’Amitié, Karl-Rappan, Tournoi de Sedan…).
_ Plus large victoire :
Toutes rencontres officielles et amicales confondues : Sedan/Cheveuges 28-0 (5/12/1943) et Sedan/Bazeilles 27-0 (24/10/1943).
En Coupe de France, contre Hautmont (9-0, le 31/12/1950) et contre Messempré (9-0, le 12/11/1988).
En Coupe de la Ligue, contre Lille (D1) (9-1, le 26/05/1992).
En D1, contre Nice (8-1, le 15/12/1963).
_ Plus lourde défaite : contre Laval en D2 (0-8, le 14/12/1975).
_ Match le plus prolifique en buts : Sedan/Béziers : 8-4, le 16 février 1958, devant 4010 spectateurs.
_ Record d’invincibilité en Coupe de France à domicile : Du 14 septembre 1947 (Sedan/Association Sportive Verrerie Reims 1-2) au 27 novembre 1982 (Sedan/Olympique Charleville-Mézières 0-2).
_ Double record d’invincibilité à domicile en championnat :
- Une série de 45 matches consécutifs du 26 octobre 1952 (Sedan/Reims 0-1) au 31 avril 1955 (Sedan-Aix 1-2), soit 2 ans, 6 mois et 5 jours.
- Une série de 38 matches consécutifs du 10 décembre 1988 (Sedan/Saint-Dizier 0-1) au 20 juillet 1991 (Sedan/Angers 0-2), soit 2 ans, 7 mois et 10 jours.
_ Buteurs recordmans sur un match :
- Jacques Musset : 12 buts (Sedan/Bazeilles du 24/10/1943).
- Michel Mathieu : 5 buts (Sedan/Quimper du 3/05/1951).
- Martin Lambert : 5 buts (Sedan/Messempré du 12/11/1988).

Le public sedanais à Emile Albeau :
Entre l’année 1950 (début des statistiques officielles d’entrée au stade lors de la montée en CFA) et l’an 2000, ce sont environ 3 557 862 spectateurs qui ont franchi les colonnes d’Albeau en championnat (hors coupes), soit un total moyen par saison de 71 157 spectateurs, soit une moyenne par match de 4191 spectateurs pour 17 matches de championnat disputés par saison (50 saisons au total) en moyenne.
La demande n’a jamais excédé l’offre.
_ Meilleure affluence : 17 303 spectateurs et une recette de 5 356 670 anciens francs pour un Sedan/Reims en D1 (23/03/1958).
_ Meilleure totale sur une saison : 220 801 spectateurs (saison 1999/2000), dépassant le précédent record : 136 440 spectateurs (saison 1955/1956).
_ Meilleure affluence moyenne sur une saison : 12 988 spectateurs (saison 1999/2000), dépassant le précédent record : 8 026 spectateurs (saison 1955/1956).
_ Plus faible affluence (après 1950) : 448 spectateurs pour un Sedan/Talange en D3 (18/03/1978).
_ Moins bon total sur une saison (en D1) : 63 274 spectateurs (saison 1968/1969).
_ Moins bonne affluence moyenne (en D1) : 3 722 spectateurs (saison 1968/1969).
_ Moins bon total sur une saison (en D3) : 13 621 spectateurs (saison 1980/1981).
_ Moins bonne affluence moyenne (en D3) : 908 spectateurs (saison 1980/1981).
Hors Sedan, on peut également citer :
_ Une compétition d’athlétisme en juin 1988.
_ Le célèbre OM/Torpedo de Moscou en janvier 1989 (où Eric Cantona jeta son maillot au sol).
_ Un match international de rugby en juin 1991 (Paraguay/Sélection du Nord-Est).
_ Un match de l’équipe de France de D2 en 1995.
V) Portfolio d’Albeau :

Plan du stade en 1949 (archives municipales)
Sur ce document administratif, rattaché à la séance municipale du 25 août 1949, on aperçoit, en face à face, les deux tribunes du stade (la plus ancienne (années 30), en haut, et la deuxième, dite « petite tribune », en bas, en rouge), ceinturées par la promenade du Bourrelet.
On observe aussi l’existence d’un vieux baraquement (en orange), établi par les Allemands en 1914. Il est en bois et en torchis, très mal situé, et en mauvais état qui plus est. Il est alors question de le détruire. Ce bâtiment vétuste sera remplacé par un nouvel édifice. De même les travaux de la petite tribune vont se poursuivre (à la charge de l’entreprise Gabella, déjà présente sur le chantier de la piste et de la tribune du Vélodrome en 1933).

Sur ce cliché de 1928, anciens et jeunes de l’UAST, nouvellement fondée à la suite de la fusion de Sedan et Torcy, posent dans ce qui s’appelle encore le stade du Bourrelet. Cependant, on identifie à l’arrière-plan le baraquement allemand datant de la Première Guerre mondiale, avant même la création du premier stade sedanais.

La première tribune en bois, construite en 1926-1927…

… et remplacée par une tribune agrandie et en ciment (en même temps que la construction du Vélodrome en 1933)…

…. qui pouvait accueillir environ 250 spectateurs (photo de 1951, du fonds Roger Vincent) (derrière se dressera dans un lointain futur l’actuel stade)

En face, la « petite tribune » n’existe pas encore (ici en 1935, du fonds de la famille Laurant).

1953 : Célestin Oliver attaque, avec en arrière-plan la première tribune (agrandie) du stade du Bourrelet-Albeau (Photo de « Miroir-Sprint »).

La « Petite tribune » (d’une contenance de 600 places) est bâtie en 1948.


1955 : La Grande Tribune est édifiée pour la (première) montée de Sedan en D1 (Fonds Roger Vincent), et remplace la première tribune des années 30.

21 août 1955 : UAST/Lyon (2-2) pour le premier match sedanais en Première Division (Photo de « France-Football »)

Record d’affluence : Lors de ce derby contre Reims, le 23 mars 1958, le stade Albeau est archi-comble : 17 303 spectateurs (Photo de « But et Club ») On aperçoit à l’arrière-plan (à gauche) des supporters qui ont grimpé sur la billetterie du stade à l’entrée !

1961 : La Coupe de France trône sur la pelouse d’Albeau, entourée par le capitaine Marcel Mouchel et la vaillante UAST !

1970 : On aménage des gradins en bois dans les pourtours (Photo « Miroir-Sprint »).

Avec en toile de fond, la grande tribune rouillée, le directeur sportif, Romain Arghirudis, écoute
avec attention les conseils du doyen Maurice Laurant, depuis l’ancien crassier (datant de 1964, refait en 1985, et rebaptisé terrain Maurice Christophe) (Photo de « L’Equipe Magazine », en novembre 1993).

1995 : La terrible crue de la Meuse sur le stade de foot, et les vestiges de feu Vélodrome à droite (Photo DR).

Au mitan des années 1990 : Le kop d’Albeau, sur la gauche de la grande tribune, quand on la regarde (Photo d’ « allezsedan.com »)

Le peuple d’Albeau dans les pourtours du stade, derrière un but (ici en 1999, photo de « Libération »)

Le fameux Club House du CSSA (Ici lors des vœux de la nouvelle année 1993 : On peut y reconnaitre Thierry De Neef qui s’appuie sur le pilier ou encore Jean-Louis Mazzéo – tout à droite – surnommé le « Prince d’Albeau ») Photo « L’Union-L’Ardennais »

Laurent Huard (au centre) y reçoit le prix du « Sanglier du mois » en 2000 (Photo « Vert et Rouge »)

Le pèlerinage ne serait pas complet sans un passage par la boutique du club, située à côté de la Grande Tribune.

A la sortie du tunnel, la détermination de Pius N’Diefi et Luis Satorra, avant de disputer le match de la montée pour la D2 à Albeau, devant plus de 7000 supporters, contre Saint-Denis Saint-Leu (victoire 5-0, samedi 23 mai 1998). Dernière image du football d’avant…


La mythique demi-finale Sedan – Le Mans du mardi 27 avril 1999 ! Le match d’une génération de supporters, qui marqua la Renaissance du club sedanais ! Un kop en ébullition… Et un vestiaire qui explosa de joie !


Dans la nuit du 4 (dès 23 heures !) au 5 mai 1999, des dizaines, puis des centaines, et enfin des milliers de supporters viennent patienter pour chercher leurs précieux sésames afin d’aller au Stade de France pour la Finale de la Coupe de France! La billetterie d’Albeau n’ouvrait ses guichets qu’à 10 heures du matin ! (Photo de « L’Ardennais » ; je suis présent sur celle-ci :-D)

Samedi 29 mai 1999 : Sedan bat Saint-Etienne 3-0, et retrouve la D1 devant 13500 spectateurs ! (Photo DR).


La tribune Maurice Christophe (de 3500 places) a vu le jour lors de l’été 1999 (Photo DR).

Les tribunes vertes et rouges ont été couvertes pendant l’intersaison 1999 (Photo DR).
VI) La disparition du stade Emile Albeau :

Edition spéciale de quatre pages de « L’Ardennais » (13 mai 2000)

Samedi 23 septembre 2000, l’ultime match de Sedan (contre Bastia, 3-3) à Emile Albeau :

Cédric Mionnet va inscrire le dernier but sedanais dans son temple sportif (Photo de « L’Ardennais »).

La fiche technique de Sedan/Bastia, dernier match joué à Albeau (paru dans « L’Ardennais », du 24/09/2000).
Devant l’urgence de rapidement bâtir la quatrième et dernière tribune du stade Louis-Dugauguez, la Grande Tribune d’Albeau fut démolie en vingt-quatre heures les 30 et 31 mars 2001.
Elle avait été construite, par l’entreprise Marchi, en un temps record de quatre mois en 1955, avant les grands débuts de l’UAST en Première Division. Les deux chefs de chantier se nommaient alors Messieurs Amius et Hermani. Il avait fallu déjà procéder à la démolition de la (seconde) tribune en bois et ciment, conviviale et assez chaude.C’est Monsieur Tutiaux, conducteur de travaux dans l’entreprise Urano, qui a eu la lourde responsabilité de mener à sa seconde mort le stade Albeau. La puissante pelle mécanique de 35 tonnes a fait le reste. Pendant une semaine, les tonnes de pierre et de ferrailles ont été déblayées. Seul un pylône fut dans un premier temps conservé.
La « Petite Tribune » a vu son arrêt de mort, signifié les 2 et 3 juin 2003.
Elevée en 1948, d’une capacité de 500 à 600 places assises, c’était la tribune à Mimile, ce célèbre supporter (décédé quelques semaines après) qui avait suivi tous les matches sedanais depuis ce lieu privilégié.
Dans les années 1960, EDF-GDF avait expérimenté un chauffage de la tribune pour les supporters. Mais ce ne fut guère concluant. Les différents concierges (Gustave Lavigne, Joseph Diaz) du stade avaient leur logement à l’intérieur jusqu’à la construction d’une maison dans l’enceinte du vélodrome. On raconte que trois enfants y seraient nés…
Avant la mise en place d’un point presse dans l’autre tribune, c’était là que s’installait les journalistes. Pendant très longtemps, Télé Luxembourg était la seule chaine à proposer des résumés des rencontres, jusqu’à la création de la station régionale de FR3 (en 1965).
A chaque fois (en mars 2001, comme en juin 2003), une poignée de supporters a assisté avec une énorme nostalgie - une « émotion patrimoniale « - à la destruction du mythe sportif ardennais (3).
Malgré toute la tendresse des supporters, l’antique stade avait fait sans doute fait son temps.
Chez certains supporters verts et rouges, un respect, presque religieux, a longtemps continué d’animer leur état d’esprit. Comme pour un pèlerinage, Claude Marquigny contournait symboliquement la pelouse pour se rendre dans le nouveau stade : «On ne piétine pas l’Histoire », disait-il (France-Football, 28/10/2003).
Il existe aujourd’hui une association « Les Enfants d’Albeau » créée lors de la tentative de sauvetage du club en 2023.
En ce début de XXIème siècle, il est donc (re)parti en poussière. Ne reste que des gravats, des pierres (conservées par certains telles des reliques du passé) un sentier et des souvenirs… (4)

30 mars 2001 : La pelleteuse s’attaque à la Grande Tribune pour permettre de terminer et fermer Dugauguez (Photo Claude Lambert)


4 mars 2002 : L’herbe n’est plus à Albeau… (Photo DR).

5 avril 2003 : On retire les sièges en plastique des tribunes métalliques (Photo DR).

24 mai 2003 : Les tribunes métalliques vertes et rouges ont été démontées (Photo DR).

2 juin 2003 : Mort de la « Petite Tribune » (Photo France3).

18 juin 2003 : Place nette… Table rase du passé… Hormis les Colonnes d’Albeau (Photo DR).


Albeau devient petit-à-petit un terrain vague (Photo DR).

Il faut encore attendre plusieurs années pour que la dernière tribune dite Christophe soit retirée du site (Photo du 30/08/2006).
VII) L’avenir d’Albeau :
A l’ombre du nouveau stade (construit en l’an 2000) moderne, confortable, longtemps impersonnel, Albeau est devenu une vaste étendue d’herbes folles… On devine la silhouette d’une vieille tribune… On perçoit les âmes des supporters passés, on croit entendre et rêver les chants monter de ce brasier éteint, on frissonne des fantômes de joueurs qui couraient sur ce terrain, devenu vague, déclinant, oublié, nonobstant les deux colonnes décrépies à l’entrée, ultimes vestiges de ce sanctuaire du siècle dernier…
On dit qu’un volcan peut toujours se réveiller
Il faut écrire que cinq lustres après son effacement, le site Emile Albeau, s’il demeure dans la topographie et la mémoire sedanaises, n’a pas eu le droit à un (ré) aménagement digne de ce nom.
Pourtant, ce ne sont pas les projets qui ont manqué…
Au cœur du quartier du Lac et de la ZUP, la population avait été rapidement consultée par la mairie des années 2000-2001, avec Jean-Paul Bachy et Dominique Billaudelle :
Un site paysager devait être aménagé. Ainsi était prévu un espace verdoyant, avec une aire de jeux complétée d’un terrain de football pour les jeunes du quartier. Un parking devait être tracé le long de la Meuse pour les jours de matchs.
Une nouvelle billetterie avait sa place toute trouvée au niveau de l’entrée de l’ancien stade pour désengorger celle à l’intérieur de Dugauguez. Une décennie plus tard, sous la présidence Dubois, il fut même question d’y installer un futur Musée dont l’entrée se serait située entre les colonnes d’Albeau ! Grandiose, mais promesse non tenue…Le financement était budgétisé : De l’ordre de 2,7 millions de francs dont 20% apporté par la ville de Sedan. Le reste était payé par le conseil général des Ardennes, le conseil régional (l’ancienne Champagne-Ardenne), l’Etat et le FEDER (des fonds européens).
Bref, il n’en fut rien…
Le démontage des tribunes métalliques (verte et rouge, en 2003, et Christophe en…2006) ayant pris beaucoup plus de temps que prévu (faute de reventes intéressantes à d’autres clubs plus ou moins intéressés) repoussa d’autant plus la réhabilitation du site Albeau…
En 2010, pour rigoler, un groupe de supporters avait même milité, avec humour, via internet sur un réseau social, pour sa reconstruction.

Depuis un quart de siècle, cette immense friche sportive sert uniquement de parking les jours de matches ( Photo prise le 25 mai 2024).
Cependant, après l’apocalyptique été 2023 qu’a vécu le CSSA – son dépôt de bilan, sa rétrogradation en Régional 3, et la perte de son Centre de Vie à Montvillers – suite à l’assassinat de la FFF, le maire de Sedan, Didier Herbillon, a immédiatement émis le souhait de recentrer les activités essentielles du football sedanais sur son site historique : Au stade Dugauguez, l’administration.
Sur le site d’Albeau, devenu une véritable friche, un futur centre d’entrainement…

« L’Ardennais », du 20 avril 2024.
Exactement, pile un siècle après les travaux d’aménagement du stade du Bourrelet (1924), une nouvelle histoire commence…
Deux terrains synthétiques d’entrainement vont voir le jour. Dans le futur ‘’centre Emile Albeau’’, il faudra donc les nommer en rendant hommage aux formateurs de l’école de foot sedanaise (Pierre Bohant, Michel Charlot, Gaétan Chrétien, ou Maurice Christophe…).

Capture d’écran sur X (anciennement Twitter) de la ville de Sedan
Epilogue :

De haut en bas : Le Vélodrome, le stade Albeau et le Crassier. La photo est prise entre 1955 (date de la grande tribune) et 1960 (installation des pylônes d’éclairage). Complétement à droite, derrière la grande tribune, un but d’entrainement se trouve exactement au même endroit que celui dans l’actuel stade Dugauguez !
Le Vélodrome, et le stade du Bourrelet, puis Emile Albeau, ce sont donc 76 ans d’histoire sportive du football sedanais, trois-quarts de siècle, soit une vie humaine !
Albeau a connu une belle mort, avec deux dernières années sportives en apothéose !
C’est l’orgueil des Ardennes, la fierté d’un peuple vert et rouge, et un patrimoine à valoriser.
C’est un héritage à faire vivre ! La postérité d’Albeau est là !
Thomas DELAGE (Professeur d’Histoire)

De gauche à droite : Le Crassier (futur terrain Maurice Christophe), le stade Emile Albeau, le stade vélodrome Jean-François Dury. Et au premier plan, à gauche, un terrain d’entrainement (l’ancien stade Jean Stackler, le futur terrain Trubert, puis l’actuel stade Louis Dugauguez).
Orientation bibliographique :
_ Lettre à Madame Albeau, 9 avril 1936.
_ Collectif, « Le stade Emile Albeau », Union Athlétique de Sedan-Torcy 1961-1962, 1961.
_ Jean-Claude Michaud, « L’éclairage du stade Emile-Albeau », L’Ardennais, 16/10/1980.
_ Yanny Hureaux, « SE-DAN ! », in Troublantes Ardennes (1984).
_ Marc Barreaud, « Le stade Emile-Albeau », in Le club de football de Sedan de 1950 à 1986 (1986).
_ « Emile Albeau en lambeaux », France-Football, 25/08/1992.
_ « Football : la petite tribune bientôt rouverte au public », Une de L’Ardennais, 4/03/1993.
_ Projet de reconstruction du stade Emile Albeau, mairie de Sedan, mai 1994 (4p.).
_ « La grande époque d’Albeau », allezsedan.com (1997).
_ « Stade Emile Albeau, un avenir en pointillés », L’Ardennais, 21/10/1998.
_ « Les travaux d’été au stade Emile Albeau », allezsedan.com (1999).
_ Pascal Rémy, « Albeau : 75 ans d’histoire », L’Ardennais, novembre 1999.
_ Marc Barreaud, « Un stade, une histoire », in Chronique d’un retour (1999).
_ « Connaissez-vous Emile-Albeau ? », France-Football, 21/01/2000.
_ Claude Lambert, « Stade : Une longue histoire », Vert et Rouge, n°3, 13/05/2000.
_ Numéro spécial, « Adieu l’Emile, on t’aimait bien », L’Ardennais, 13/05/2000, 4p.
_ Michel Cossardeaux, « Site paysager Emile-Albeau », L’Ardennais, 28/09/2000.
_ Pascal Rémy, « L’usine à rêves et le parking », L’Equipe, 6/10/2000.
_ Olivier Raynaud, « Stade Albeau : le début de la fin », L’Ardennais, 31/03/2001.
_ « Adieu l’Emile, on t’aimait bien ! Ou l’histoire d’une quatrième tribune… », Bulletin d’information municipale de la ville de Sedan, n°38, mai-juin 2001.
_ Marc Barreaud, « L’adieu », in Le Roman de l’Europe (2001).
_ Olivier Raynaud, « Stade Albeau, les tribunes toujours à vendre ! », L’Ardennais, 16/10/2002.
_ Thomas Delage, « Fin d’une époque : Adieu Albeau ! », allezsedan.com, 4/06/2003.
_ Olivier Raynaud, « Ils ont rasé la tribune à Mimile ! », L’Ardennais, 5/06/2003.
_ Bertrand Ronez, « Albeau, Dugauguez : tout a changé », Sport Hebdo, n°4, 15/07/2004.
_ Matthias Rogier, « Emile-Albeau, une usine à rêves, pour toujours dans les cœurs », Sport Hebdo, n°14, 24/09/2004.
_ Collectif, « L’avenir d’Albeau en questions », L’Ardennais, 11/11/2004.
_ Claude Lambert, « La mort d’Emile Albeau », in Sedan 90 ans de passion (2009).
_ Marc Barreaud, « ALBEAU (Emile Eugène) », in Dictionnaire des footballeurs sedanais (2010).
_ Emmanuel Défente, « Au bon vieux temps ! Pétition pour la reconstruction d’Emile-Albeau », L’Ardennais, 21/12/2010.
_ Claude Lambert, « La cathédrale Emile-Albeau… », Terres Ardennaises, n°139, juin 2017 (3p.).
_ Franck, « Sedan : D’Emile Albeau à Louis Dugauguez », surlatouche.fr, 22/04/2019.
_ Olivier Laurant, « La naissance du stade Emile-Albeau », in Le Pays sedanais, n°37 (2019).
_ Marc Barreaud, « Un certain EmileAlbeau », in Les grandes heures du football ardennais (2021).
_ David Calais, « Le projet d’un nouveau centre de vie à Albeau », L’Ardennais, 10/08/2023.
_ Guillaume Lévy, « Un ‘’centre de formation’’ voulu à Sedan », L’Ardennais, 20/04/2024.
_ Pascal Remy, « Franck Leroy prend le pouls des Ardennes : Concernant le centre d’entrainement du CSSA », Matot-Braine, 24/06/2024.
_ René Ait Braham, « Sedan : le nouveau centre d’entrainement dédié au football sur les rails », Radio8, 27/11/2024.
_ « Conseil municipal : Création d’un centre d’entrainement footballistique – Lancement de l’opération », X de la ville de Sedan, 16/12/2024.
_ Samuel Thiolière, « Sedan : On en sait plus sur le futur centre d’entrainement du CSSA », Ardennes Actus (Facebook), 17/12/2024.
_ René Ait Braham, « Sedan : le centre d’entrainement à la place du stade Emile Albeau officiellement lancé », Radio8, 18/12/2024.
_ Manon Lo-Voï, « Sedan : Un centre d’entrainement de football à la place de l’ex-stade Emile Albeau », Une de L’Ardennais, 18/12/2024.
_ Marc Barreaud, « D’un Albeau à l’autre », in Sedan, le soleil des humbles (2025).
_ René Ait Braham, « Sedan : le centre d'entrainement footballistique va sortir de terre sur l'ancien site du stade Albeau », Radio8, 1/04/2025.
Filmographie :
Pour se plonger dans l’atmosphère d’Albeau :
_ David Stanislawski, document amateur (Dailymotion) sur le derby Sedan-Charleville du 2/04/1994 (public, stade, vestiaires…).
_ David Stanislawski, La ZUP et les travaux au stade Emile Albeau avec la construction des tribunes métalliques (document amateur, dailymotion, fin 1994, 17 mns).
_ David Stanislawski, Crue à Sedan et au stade Emile-Albeau (document amateur, dailymotion, 30/01/1995).
_ Les archives audiovisuelles de FR3 puis France3.
Et pour revivre deux matches historiques :
_ Sedan-Le Mans, la demi-finale de Coupe de France (Canal+, 27/04/1999) :
_ J9 Sedan-Bastia, le dernier match joué à Albeau (Foot+, 23/09/2000):
Notes :
(1)
_ Alain Ehrenberg, « Des stades sans dieux », in Le Débat, n°40, mai-septembre 1986.
_ Christian Bromberger, Le match de football, Maison des Sciences de l’Homme, Paris, 1995.
_ Patrick Mignon, La passion du football, Odile Jacob, Paris, 1998.
_ Bertrand Lemoine, Les stades en gloire, Découvertes Gallimard, 1998.
_ Philippe Villemus, Le Dieu football, Eyrolles, Paris, 2006.
_ Paul Dietschy, « La passion du football », in L’Histoire, n°353, mai 2010.
(2)
Le Miasme et la jonquille est un ouvrage de l'historien Alain Corbin publié en 1982. Le livre s'insèrait dans un contexte historiographique qui voit l'émergence de l'histoire des sensibilités en France, à la suite de celle des mentalités depuis les années 1970. Pascal Ory rapproche le travail de Corbin du courant de la microhistoire (microstoria en italien) avec Giovanni Levi ou Carlo Ginzburg qui partagent la « même volonté d’affiner l’analyse d’une société par celle de ses imaginaires ».
Dans ce renouveau de l’histoire culturelle, l’archiviste paléographe Michel Pastoureau est spécialiste de l'histoire des systèmes symboliques et notamment de l'héraldique, et du symbolisme des couleurs. Citons – au hasard - Vert, histoire d'une couleur (2013), et… Rouge, histoire d’une couleur (2016).
Lire également l’article de Luc Le Chatelier, « Tout objet peut-il devenir patrimoine ? » (Télérama, n°3115, 23/09/2009).
(3)
Emotions patrimoniales (2013) est un ouvrage de l’anthropologue Daniel Fabre évoquant un ressenti fort se transformant en deuil personnel quand un sinistre touche un élément du patrimoine. Ce concept a été forgé lors de la « tempête du siècle » en 1999, et réactualisé au moment de l’incendie de Notre-Dame de Paris en 2019.
(4)
Dans L'Obsolescence de l'homme (tome 2, paru en 2011), le philosophe Günther Anders s’interroge sur la nécessite de la reconstruction, « la destruction de la destruction ». Ne faut-il pas conserver une cicatrice du passé ?

Tel un pèlerinage, un chemin s’est dessiné naturellement à travers l’ancien terrain dans la direction de Dugauguez (Photo prise le 9 juillet 2016).
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